Le billet de Christophe PARROT (épisode 1/5)
Introduction
« Du cyclisme ultra distance »
« Ah ouai, c’est bien… »
« Tu mets des prolongateurs parce que tu fais du triathlon, des iromans? »
« Non, c’est pour reposer mes bras lorsque je suis ou je m’entraine pour des épreuves ou
des rides d’ultra distance ».
« Ah OK… »
Combien de fois ce type de questions m’a été posée ? Je ne sais pas. Par contre, combien
de fois elle a suscité une suite ? Là, j’ai la réponse. Zéro.
Donc, la question est bien la suivante : pourquoi notre échange s’arrête là, pourquoi mon
interlocuteur ne me questionne pas davantage alors que je sais très bien qu’il ne possède
pas toutes les dents sur sa propre roue-libre pour monter avec moi le col de l’ultra ?
Ayant un passé assez conséquent dans l’ultra trail et l’ultra running, je sais ô combien le
monde de la longue distance peut être source d’interrogation… « Ah, tu fais du trail longue
distance… T’as fait l’UTMB ? T’as déjà fait la diagonale des fous ? Et les 100 bornes de
Millau ?»
Les questions étaient posées là, tel un tuc sur une table de ravitaillement. Parce que même
si mon interlocuteur ne savait pas exactement ce qu’était l’ultra trail ou l’ultra running, il avait
déjà vu, lu ou entendu des histoires autour de la course de village de Chamonix, de la
traversée du rocher réunionnais ou de l’aller/retour Sainte Affrique en deuxième partie de
journée.
Ce constat revient à poser le débat autrement ; et si l’ultra distance n’était juste pas
connue ? Et si elle était (injustement) assimilée à des balades touristiques effectuées par des
amateurs de chemises à fleurs posés sur des bicyclettes alourdies de sacoches, au guidon
relevé et à la selle en cuir, dont les coups de pédales sont entrecoupés tous les 20
kilomètres d’un stop au Café des Sports et au Balto pour boire un petit noir ou un grand
jaune… ?
L’ultra cyclisme, force est de constater que l’on ne connait pas. Pas bien. Pas assez. Pas du
tout.
L’ultra cyclisme, quand il est un tout petit peu connu fait peur. Fait mal. Aux fesses. Aux
jambes.
L’ultra cyclisme, c’est l’occasion de pouvoir dire sans se faire juger « ce n’est pas pour moi…
Parce que cela prend trop de temps. Parce que j’ai un travail trop prenant. Parce que je ne
peux pas m’entrainer. Parce que j’ai des enfants à m’occuper, des chiens à promener, un
jardin à tondre, des potes à voir… »
Ah ouai ???? Cela tombe bien car moi aussi j’ai tout cela. Et avec tout cela, j’ai malgré tout
quelques bornes cumulées au compteur…
L’ultra cyclisme, c’est juste trop bien. Trop cool. Trop addictif. L’ultra cyclisme, c’est
l’occasion de vivre ta passion en mode XXL. C’est vivre la vie sans contrainte, juste celle de
trouver une boulangerie pour t’acheter un jambon-beurre et une part de flan quand arrive
midi. C’est la fierté de voir ton Garmin affiché un nombre à trois chiffres dans le cadre
« distance », sans que le premier de ces chiffres ne soit un 1. L’ultra cyclisme, c’est sur route
ou sur chemins. Ou les deux combinés. Route, gravel, on ou off road. Comme tu veux, où tu
veux. Car l’ultra, c’est aussi la liberté. La liberté de partir. Comme tu le souhaites, quand tu le
souhaites, où tu le souhaites. Ville, campagne, montagnes, plaines…Existe-t-il beaucoup de
sport où ceci t’est proposé ? J’en connais peu…
Si tu lis encore ces lignes, c’est que ta curiosité s’est mise en danseuse… Alors je veux bien
t’expliquer mais je ne serai pas responsable si tu mets le doigt dans le pot du plaisir et que tu
ne sais plus ne pas y revenir…
Allez viens, je t’emmène dans mon monde addictif du bornage, où les heures sont des
minutes, où les kilomètres s’enchainent, où le temps n’a plus de prise, juste celle de vouloir y
revenir le plus vite possible., où ton seul regret est de raccrocher ton vélo au crochet du
garage.
Alors, c’est quoi l’ultra cyclisme ?
Je ne pourrai pas tout écrire là, maintenant. Non, je peux juste t’énumérer la liste des
ingrédients composant la recette du plaisir : partage, connaissance de soi, 130bpm, mental,
gestion, confort, découverte, nature, prendre le temps, progression, fierté, challenge,
communauté, plaisir de la préparation, nature… Et tant d’autres…